sousentendu

Si j'ai toujours raison tu sais, j'ai pas toute ma raison.

Vendredi 5 février 2010 à 20:58

http://sousentendu.cowblog.fr/images/jevomis.jpg

Lundi 25 janvier 2010 à 19:25

http://sousentendu.cowblog.fr/images/Sanstitre3.jpg

Dimanche 17 janvier 2010 à 22:06

http://sousentendu.cowblog.fr/images/ScreenShot080.jpg

http://sousentendu.cowblog.fr/images/ScreenShot082.jpg

http://sousentendu.cowblog.fr/images/ScreenShot083.jpg

Lundi 4 janvier 2010 à 22:14

Toutes ces choses dont vous avez honte, toutes ces parts de vous que vous préférez garder secrètes, tout ce que vous voulez changer absolument en vous, c'est ce que vous êtes. C'est ce qui fait votre force. Si vous le reniez, vous n'êtes plus rien et surtout, vous ne serez jamais un être accomplis.
Vous êtes doué, mais il faut que vous arriviez à briser tous ces murs et acceptiez l'histoire de votre vie.



http://sousentendu.cowblog.fr/images/ScreenShot066.jpg

Lundi soir. L'épisode redouté de la rentrée est passé. Ce matin, Canard s'est levé à l'heure. J'ai même déjeuné voyant le temps qu'il me restait avant de partir. En fin de compte la journée est vite passée et c'est un gros soupir que je pousse quand 21h sonnent.

Nager à contre courant demande une énergie qui me manque malgré tout.

Ce matin, ni chauffage ni lumière ne nous attendait dans la salle. Rien mis à part le froid n'occupait les lieux lorsque j'ai pris place. Ma table était nettoyée, ma poubelle vidée et seul mon montage par collages était resté pour témoigner de mes longues journées de solitude. Mon Beetle Juice improvisé pour me rappeler que je n'ai qu'à prononcer trois fois son nom pour me débarrasser des vivants alentours. Une sorte de porte de sortie artificielle à laquelle je m'accroche pour ne pas sombrer. Je dois dire que l'ambiance m'avait manqué pendant les vacances, tout ce bruit et cette agitation me pinçait l'estomac lorsque j'en smatchais entre les deux terrains de mes hémisphères droit et gauche. Mais cette ambiance a aussi de mauvais côtés, et il semblerait que je ne vis qu'eux ce matin, sur la chaise haute, prêt à recevoir la pâtée. Il faut dire que les vacances n'avaient pas été de tout repos cette année. J'ai d'abord passé beaucoup de temps sur la route, et puis suivit la confrontation à la famille proche d'abord, éloignée ensuite... et c'est avec regret que j'ai constaté qu'elle s'éloignait effectivement de plus en plus ces derniers mois. C'est d'abord leur oubli essentiel, puis leur ignorance, leur détachement et ce comportement de famille modèle qui me met dans le doute quant à nos liens relationnels. Nous étions pourtant si proche... J'imagine qu'on n'y peut rien, et puis que ce n'est pas si grave puisque nous sommes trop différents pour que ça redevienne comme avant.

Alors je reste sur le pas de la porte à rire tout mon soûl, comme halluciné par un chat qui n'aime pas le poireaux. Voilà que je me remets à rire... Enfin, c'est après une longue et profonde réflexion que j'en ai conclu que Doulys n'aimait pas ces pantins surmontés d'une haute perruque verte. Lorsque je suis sur le pas d'une porte, je pense toujours à tout et n'importe quoi, et tout semble si réel que parfois je me gifle pour y couper court. Une étreinte, une conversation, une bagarre, une rencontre... rien ne passe entre les filets. Je me souviens d'une fois alors que j'étais avachis contre la porte, mes yeux étaient fermés et devant l'écran de mes paupières aucune image ne passait... mais j'étais réchauffé par les bras de cette étreinte amicale que j'attendais depuis longtemps déjà. Pendant une minute, je me sentais bien, comme récompensé pour mes efforts et le froid de l'hiver ne mordait plus mes joues. Ce fut un préhistorique en manque de nicotine qui me sortit de mon rêve éveillé pour me ramener à la réalité en ouvrant négligemment la porte sous mon poids. Je n'avais pu m'empêcher de lécher cette petite plaie à la commissure des lèvres, bloquant au stade primaire sa cicatrisation. Comme cette fois où entre l'éveil et le sommeil, j'avais vu son portrait affublé de cheveux bleus, me garantissant une abominable journée.

Toujours est il que l'heure n'est plus à la rigolade ni à la joute. L'heure n'est plus à rien. Mon château de sable est piétiné et à force de le ramasser pour le reconstruire, mon sable est sec. Pas la peine de courir immobilement sur un quai de gare, pas la peine de se voiler la face par quelques vains espoirs, ça ne vaut rien.

Mercredi 16 décembre 2009 à 15:29

Sa présence rassure...

"Jay Byrne était blottit dans le gigantesque fauteuil en cuir noir de sa bibliothèque, les angles de son corps nu enveloppés dans une douce couverture d'angora. Les prémices de l'aube teintaient la fenêtre de pourpre et projetait une ombre glauque sur le parquet. Il feuilletait les planches en couleurs d'un dictionnaire médical jadis acquis par son père, pour une raison qui lui demeurait obscure.
Il avait subtilisé ce dictionnaire lors de sa dernière visite à la demeure ancestrale de Saint Charles Avenue, aujourd'hui occupée par son cousin, le fils de Daniel Devore, et par sa famille. Mignon la leur avait léguée en remerciement des services rendus par Daniel à l'entreprise familiale. Elle savait que son fils Jay n'aurait jamais accepté d'habiter le centre-ville.
Il contempla une vue en coupe d'une opération de la prostate, détaillant les pinces hémostatiques glissées dans une incision pour bloquer une petite veine, le doigt ganté qui s'insinuait dans la cavité rectale, caressait la glande malade puis la perçait d'un coup de scalpel, laissant son jus délicieux s'échapper vers l'intestin à travers la paroi musculaire. La prostate évoquait une noix sombre et flétrie. Les parois du rectum ondoyaient en vagues roses et luisantes autour de la lame d'acier. Jay se surprit à penser à Tran, le garçon vietnamien qui lui avait dealé de l'acide la veille. La jeune prostate de Tran serait fine et lisse, pas plus grosse qu'une amande.
Le dos du lourd dictionnaire lui faisait mal au bas-ventre. Il s'aperçut qu'il avait de nouveau la trique, comme si la nuit n'avait pas suffit à l'épuiser. Il y avait au sommet du canal rectal un orifice où pouvaient se nicher quantité d'objets splendides.
Il s'extirpa du fauteuil, remit le dictionnaire en place sur l'étagère pleine à craquer et sortit de la bibliothèque. Seuls les rires à craquer des fêtards du Carré venaient de temps à autre briser le silence régnant dans la maison. En temps normal, Jay aurait passé la nuit à lire, à regarder une cassette ou à faire ses comptes ; il adorait les maths pour leur exquise symétrie. Mais cette nuit n'était pas une nuit comme les autres. Il avait un invité.
Non, se rappela t il, pas un invité. Un chien.
Le cadran lumineux de la pendule de l'entrée affichait cinq heures moins dix. D'étranges ombres se mouvaient tels des spectres piégés par des motifs complexes de la tapisserie écarlate aux mouchetures d'or. Jay entra dans l'antichambre, une fantaisie baroque de draperies de velours, de poufs de satin et de teck laqué, dont le parquet ciré à la couleur de miel disparaissait sous un immense tapis chinois. Les couleurs dominantes de cette pièce était le pourpre, le rose et l'or ; à la lumière du jour, elle évoquait une matrice aurifère.
L'un de ces murs était occupé par une cheminée de marbre rose incrusté de volutes Art déco de malachite, de cornaline et de jais, une véritable et exquise sculpture. Sa beauté était cachée par une couche de suie grasse dont même la paille de fer et la chaux étaient incapables de venir à bout.
Jay resta un instant immobile, comme s'il ne savait pas quoi faire, puis attrapa une délicate tasse en porcelaine sur une table aux pieds de griffon et en vida le contenu. Son échine fut parcourue de frissons, tel un xylophone esquissant une mélodie. Le thé était additionné de cognac et de LSD. Il avait siroté ce poison durant toute la nuit, depuis qu'il avait ramené son chien à la maison.
Le garçon du Café du Monde s'était montré docile durant le trajet, marchant derrière lui à une distance respectueuse, suffisamment près toutefois pour que les touristes et les putes de Jackson Square puisse voir que cette splendide créature lui appartenait. Normalement, Jay préférait se montrer plus prudent, mais il avait l'impression qu'un lévrier pur sang, ou quelque autre animal aussi souple que précieux, le suivait volontairement chez lui.
Un lévrier pur sang. Quelle blague! Si Fido était vraiment un chien, ce serait un bâtard à la gueule attendrissante mais à la fourrure crasseuse. Heureusement qu'il pouvait enlever sa fourrure. Ainsi que ses chaussures, son tee-shirt crade, son jean dégueulasse, ses chaussettes puantes et son slip innommable. Une fois réduit à l'essentiel, Fido pouvait être nettoyé.
La paille de fer et la chaux n'avaient pas pu venir à bout de la cheminée de marbre. Mais les garçons sont beaucoup moins résistants.
Comme Jay traversait l'antichambre, il aperçut son reflet dans l'immense miroir placé dans un coin, au lourd cadre doré regorgeant de fruits et de légumes succulents. Un spectre argenté baigné par la lueur aqueuse de l'aurore, à la peau nue d'une pâleur lumineuse. Son torse et son abdomen étaient sillonnés d'arabesques de sang noir, aussi délicates que de l'écume de mer. Ses cheveux étaient raidis par le sang séché. Ses yeux grands ouverts étaient sauvages, étincelants.
Il entra dans la salle de bain. L'éclat insoutenable du carrelage noir et blanc était atténué par des graffiti et des pâtés rouges, tel un semis de rubis. Le garçon gisait recroquevillé sur lui-même dans la baignoire, ligoté aux poignets, aux chevilles et autour de ses cuisses si douces, les yeux éclairés par l'acide et par une hideuse lucidité. Son corps était lessivé, récuré jusqu'aux nerfs. Là où les angles de ce corps étaient le plus aigus, au niveau des joues, des genoux et des hanches, Jay distinguait l'éclat blanc-bleu de l'os. La chaux avait laissé d'atroces brûlures sur ce qu'il lui restait de peau. Sa bite était aussi spongieuse, aussi flasque d'une bouchée de nourriture régurgitée. A un moment donné, il lui avait ouvert le ventre pour en écarter les parois, et une petite bulle d'intestin était visible à l'oeil nu.
Jay sourit. Le garçon lui sourit en retour. Il n'avait pas le choix ; la chair qui entourait sa bouche avait été brûlée ou récurée, et son sourire était un rictus de dents étincelantes dans un écrin de gencives sanguinolentes. Jay se dit qu'il n'avait pas pris grand soin de son chien. La SPA allait débarquer chez lui d'une minute à l'autre.
Les fêtards pouvaient beugler tout leur soûl dans la rue, le Vieux Carré ne leur appartenait pas. Demain, la semaine prochaine, l'année prochaine, ils auraient disparu, aussi éphémères que le sillage d'un navire descendant le fleuve. Jay serait toujours là. Le Carré était à lui, ses rues nocturnes éclairées au gaz, ses ruelles sordides et ses passages illuminés de néons, ses cours secrètes baignées d'ombre et de feuillage, l'immense lune pourpre accrochée dans le ciel tel un oeil chassieux. Le Carré lui apportait ses offrandes, et il les acceptait avec reconnaissance, avec appétit. Le bruit des fêtards ne dérangeait pas Jay. Mais cette nuit était aussi une nuit de réjouissances.
Le garçon serait mort avant le lever du soleil."
Le corps exquis  Poppy Z.Brite

<< Page précédente | 36 | 37 | 38 | 39 | 40 | 41 | Page suivante >>

Créer un podcast