sousentendu

Si j'ai toujours raison tu sais, j'ai pas toute ma raison.

Samedi 18 juillet 2009 à 13:28

Rah ce café... si il existait pas faudrait l'inventer parce qu'il manquerait vraiment quelque chose pour bien commencer la journée. Ce n'est pas seulement une habitude quotidienne, c'est aussi l'éveil des sens.
Sentir la chaleur de la tasse contre ma main, l'odeur de sa vapeur parfumée dans mes narines, son arôme corsé chatouiller mes papilles, et me plonger tout entier dans la noirceur de ses abymes en quittant à peine la sécurité des bras d'un Morphée capricieux.



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Vendredi 17 juillet 2009 à 22:04

A deux jours de traverser la France pour partir en Bretagne, je me suis rendu compte que le voyage allait être d'une difficulté sans retour. Comme d'habitude j'étais entre mon père et ses blagues graveleuses, ma mère au volant qui saute de joie dès qu'elle voit un petit animal passer, et mes insectes de frère et soeur qui jouaient à "On va mettre la radio!". Ce jeu est très simple: deviner quelle chanson sort de leur petites bouches pleines de dents. A ce moment là, j'ai regardé mon ipod comme un gangster regarde son révolver lors d'un affrontement avec les forces de l'ordre. Ce que je n'avais pas prévu, c'était la petite icone de baterie qui clignotait en haut à droite, m'indiquant la fin toute proche des affronts et l'arrivée au galop d'une capitulation forcée.
C'est étonnant ce sentiment d'échec lorsqu'on retire les écouteurs et qu'on entend sortir de la bouche d'un enfant de neuf ans une chose qu'on zappe lorsqu'on l'entend quelque part... une soit disant "chanson" populaire pour les auditeurs invéterés d'NRJ autrement appelée sous le nom de Mozart. A lire comme ça, on dirait presque qu'on a envie de savoir ce qui se cache derrière ces 6 petites lettres magiques... mais quand on reçoit dans une oreille grande ouverte un enjoué: "Tatoue moi sur tes seins, fais le du bout de mes lèvres" d'une voix enfantine, la seule chose à laquelle on pense à cette seconde, c'est d'ouvrir la fenêtre et passer la tête juste assez loin pour se la faire happer par le camion qui arrive à 130km/h sur le couloir d'à côté.

Malheureusement j'étais au milieu, et la vitre était trop loin pour que je l'ouvre à temps.

Sinon, ce matin nous étions partis à la découverte de Mézières sur les selles de nos chevaux-vélos. Jesus christ ce que je peux haïr ce transport à deux roues... mais bon, maintenant je peux me vanter de connaître la route. D'abord, il faut longer la rue où campe la maison dans laquelle je vais vire durant mon mois de travail en août, ensuite passer un premier rond-point qui se trouve être une sortie de pénétrante sans trotoirs. Passer un second rond-point en face du décathlon où les camions se bousculent pour entrer sur l'autoroute gratuite, et traverser la si belle ville de Mézières... tout ça en 20 minutes. Ensuite il faut longer l'avenue d'Arche jusqu'au centre ville, passer la place Ducale et le Quai Rimbaud, puis passer le monstrueux croisement de l'Ecole Normale pour grimper la côte jusqu'à l'hôpital... tout ça en 20 minutes également...
Sans s'arrêter, ça met 40 minutes. Il faudra donc que je parte une heure avant, chaque matin pour aller travailler. Donc dehors à 6h pétantes pour arriver à 7h comme une loque avant de passer ma journée au téléphone à transmettre les appels dans les différents services, faire les admissions, indiquer la route aux touristes et répondre d'un air enjoué aux patients curieux.

Je ne me sens pas de faire ça... sérieusement.

Là ce soir, je suis si fatigué que le simple fait de monter les escaliers me demande un effort surhumain. Je me sens comme un nouveau né poussant ses premières pleurs parce qu'il découvre dans quel monde il est arrivé, je regrette presque d'avoir envoyé mon CV. Certes c'est tout de même une arrivée de 1200 euros dans le néant de mon compte en banque... mais c'est aussi du sport que je ne supporte pas, des longues heures à se faire klaxonner par les routiers et pas de net.


Merci d'être là John... je tire ma casquette face à tes efforts pour tous nous remonter le moral avec ta belle musique et des grandes locks. Parce qu'il me semble que quelque chose est désormais terminé comme je l'avais prévu il y a quelques temps déjà. Mes doutes se confirment.

Pense bêta: le jus de pastèque c'est très mauvais pour les claviers d'ordinateur portable.

Dimanche 12 juillet 2009 à 15:44

L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir : il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos.

A l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d'en dessus s'affaissent sur les cieux d'en dessous, pour ne plus former qu'une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l'odeur et à la vue, frangé d'une dentelle noirâtre sur les bords.

Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner.

Francis Ponge, Le Parti pris des choses, 1942



Mais tout va bien Nicolas.
Ce n'est pas parce que je ne te parle pas que tout va mal.
Ce n'est pas parce que je me désintéresse de toi que tout va mal.
Ce n'est pas parce que je suis fermé comme une huître avec toi que tout va mal.




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Essayer d'ouvrir une huître à mains nues, c'est peine perdue.

Mercredi 8 juillet 2009 à 19:10










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C'était peut-être le seul moment pendant les vacances où je n'aurais pas été seul, mais visiblement c'était une mauvaise idée. Après tout on n'est jamais mieux accompagné que par soi-même...















Mercredi 8 juillet 2009 à 15:26

... qui passent... passent... passent...

Mon café à la main et la tête dans le cul sur mon perchoir, je souffle la fumée de la première cigarette de ma journée: la meilleure. Des visages et des figures passent en face de ma fenêtre, les sourcils levés de me voir tenir sur 20cm de béton au dessus d'un étage de vide sans tomber. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que mon équilibre me permet de marcher sur les branches de pommier chez l'autre et dans un soupire las, je jette mon mégot sur le capot du dernier qui passe. Tant pis pour sa caisse, je l'emmerde. En me relevant, un léger vertige vient s'installer entre mes oreilles. J'adore. Et puis dans un dernier effort je me lève et je repose un pied dans ma chambre pour revenir dans la réalité familiale dans laquelle je suis plongé depuis bientôt deux semaines. Je ne suis plus ce prédateur perché, ce voyeur curieux.

Le goût du café me rappelle le rêve que j'ai fais cette nuit. Aucun rapport mais c'est agréable, et apercevant les yeux terrorisés de ma chienne à ma porte, je me souviens de ceux de mon invité. Je retournais chez moi accompagné de mon petit con préféré dans le métro de Roubaix. Tout se passait bien. Aucun ivrogne ne venait chercher bagarre à nos côtés et comme toujours, chacun était plongé dans la profonde rêverie de l'impersonnalité totale d'une grande ville Française, jusqu'à ce que la voix féminine nous indique la station Eurotéléport. Je me tourne vers B et dans un sourire, lui fais savoir que nous sommes bientôt arrivés. Il me répond qu'il est fatigué et que... Il n'a pas le temps de répondre, car un grand fracas vient ouvrir les portes électriques. Je regarde par les vitres et là tout se précipite, une sorte de créature géante mi crevette mi ver (cf: Dunes) déchaîne sa colère contre la rame tandis que la police Française nous crie de fuir vers les escalators les plus proches afin de sortir. B ne semblant pas réagir, je l'attrape par le bras et l'envoie dehors avec toute la force dont je peux faire preuve afin qu'il sorte en premier et se mette à l'abris, j'attrape mes sacs de démménagement qui renferment toutes mes possessions et sors à mon tour pour courir dans ces escaliers mobils, immobils en raison d'une panne de courant général. La bête est derrière, on l'entend frapper la rame avec violence et agressivité et relevant le nez pour voir où j'avance, je vois que B est loin devant et ne m'attend pas: c'est peut être mieux, au moins il est sain et sauf.
Croisant sur ma route une jeune policière, je lui demande avec calme s'il est possible de prendre la rame en sens inverse afin de sortir à la station précedente et terminer la route jusque chez moi à pieds, mais d'après elle c'est impossible, les forces de l'ordre patrouillent dehors afin de mettre la population en quarantaine et en effet, regardant par la vitre je vois les hélicopères du GIGN tournoyer au dessus d'un grand bâtiment vitré. Je la supplie en insistant sur le fait que je veuille rentrer chez moi à n'importe quel prix, mais appeurée comme la bête se rapproche, elle me pousse en avant pour que je continue ma route.
Ayant repris mon souffle durant ce court lapse de temps, je courre plus rapidement et réussi à rattraper B dans un hall où attendent foule de personnes assises sur leurs valises. Ca me fait penser à l'exode des juifs durant l'occupation Allemande, lorsqu'ils étaient coincés à la frontière d'un pays avant d'être emmenés dans les camps de la mort. Un vieil homme attire mon attention au comptoir de l'entrée: c'est mon grand père. J'attrape B par la main pour ne pas le perdre en chemin parce que je sais qu'avec moi il est en sécurité et m'approche du vieux con insuportable pour lui demander ce qu'on attend. Il me dit que si je veux des réponses, il faut que je m'adresse aux hommes de part et d'autre de lui: deux vieux jumeaux américains. Dans la précipitation, je ne crois pas au fait qu'il faille ressortir mon Anglais pour avoir des réponses, mais constatant l'incapacité de comprendre des viocs, je respire profondément et puise mes ressources pour leur parler dans un langage presque parfait: seul l'accent faisait défaut.
Auprès d'eux, je n'apprends rien de plus à part peut être que nous ne sommes plus à Roubaix, mais dans l'aéroport de Dallas aux Etats-Unis et que la catastrophe touche à présent la planète entière et pas seulement mon petit arrêt de métro. Ca m'énnerve cette incapacité qu'ont les soldats à ne pas savoir abbattre une bête si hideuse. Je crie qu'un peu de Napalm est suffisant pour la terrasser, mais d'après eux tous les stocks ont été épuisés durant la guerre du Viet-Nam. Je soupire une nouvelle fois et prie B de me suivre en lui promettant qu'on sortirait de là rapidement, qu'il y avait toujours une porte ouverte dans un aéroport Américain bloqué à cause d'une telle catastrophe, justement parce qu'ils étaient Américains et qu'ici la sécurité n'était qu'un leurre afin de ne pas céder à la panique. J'te le promets.
Suivant les couloirs éclairés aux néons dans les sous étages, j'apprends qu'il est interdit de fumer. D'aller se soulager aux toilettes. De sortir ses affaires des valises. Qu'un couvre feu a été installé pour éviter toute émeute. Qu'il est formellement interdit de former des groupes de plus de deux sous peine de finir sous une salve de balles. B, va falloir qu'on se la joue vicieux... attends moi ici, surtout tu bouges pas, j'vais chercher un truc. Je ne sais pas ce que j'allais chercher mais c'était de bon coeur et cette porte ouverte, je l'avais enfin trouvé dans ce parc verdoyant et frais sous-terrain. Lorsque je suis retourné le chercher, il dormait comme un enfant sur un de mes sacs de linge et s'était servi de mon grand manteau noir pour se protéger de la fraîcheur ambiante.


Tout n'est pas perdu non, tout n'est pas perdu de vos mythes d'aurore... Ici le soleil brille pour tous, et on y croit.

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Et bon anniversaire.


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