sousentendu

Si j'ai toujours raison tu sais, j'ai pas toute ma raison.

Mardi 20 avril 2010 à 14:01

  Je et Moi sont engagés dans un dialogue trop véhément. Comment serait-il supportable, s’il n’y avait l’ami ? »
  Pour le solitaire, l’ami est toujours un tiers ; le tiers est le flotteur qui empêche le dialogue des deux de sombrer aux abîmes.
  Hélas ! il y a toujours trop d’abîmes pour tous les solitaires. C’est pourquoi ils ont une telle soif de l’ami et de son altitude.
  Notre foi en autrui trahit ce que nous voudrions pouvoir croire de nous-mêmes. Le désir que nous avons d’un ami nous trahit.

Nietzsche. L'ami ou l'ennemi.



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Cinq secondes avant que mon réveil ne sonne, j'ai rêvé que je trouvais entre deux plis de mes draps, un beau billet de 20 euros. C'était si réaliste qu'après avoir éteins la sonnerie mécanique, je l'ai cherché près de mon oreiller... en vain.
Je ne crois pas aux rêves prémonitoires (heureusement non d'un chien... la vie serait un grand chaos où la folie terminerait par un grand U pour rimer avec vertu), mais tout à l'heure en enfonçant mes mains dans les poches de ma veste en cuir que je n'avais pas mis depuis l'hiver dernier, j'ai eu une fabuleuse surprise... nommée 24 euros et 30 centimes.

Je crois que ce grand moment de bonheur égale celui des pirates qui découvrent sur une île nouvelle, un énorme trésor. Et posant ces deux billets et ces quelques pièces près de mon ipod pour les garder en sécurité, je me disais que c'était un peu de la masturbation que d'oublier une telle somme dans une poche pareille... ça fait du bien par où ça passe.

Toujours est il que ça n'arrangera pas mes problèmes de convention et de troisième année, avec ce responsable de formation que je déteste de toute mon âme (aussi pauvre soit elle), d'autant plus qu'il est né dans la même ville que moi (ce qui me fait un peu honte). Mes orteils et mes mains sont couverts des résidus enflammés d'un stress constant. Chaque bulle d'eau limpide qui me pousse sous la peau témoigne de mes cauchemars, parce qu'en ce moment je me maintiens comme je peux. Je sincèrement je ne sais pas comment je fais. Si jamais je ne passe pas en troisième année je  me tue, c'est aussi simple. Pas question de faire payer 4800 euros en plus à mes parents (bien qu'ils fassent de leur mieux pour me rassurer en disant que l'argent n'est pas un problème), pas question de supporter le regard des autres face à un éventuel redoublement (ce regard que je supporte bien assez comme ça depuis deux ans dans cette école), pas question de me retrouver avec ces branleurs de premières années qui passent leur temps à fumer jusqu'à s'en rendre malade avant les cours (quitte à fumer, autant le faire tranquille chez soi non? enfin je sais pas... ils n'ont pas tout compris je crois).

Et puis l'administration de cette école me sort par les trous de nez. Ils ne sont pas à l'écoute. Ils ne sont pas encourageants. Ce sont tous des commerciaux (de mon cul). Ils tueraient pour un euro.

Savez vous que normalement le redoublement est impossible dans cette école? Normalement on nous donne la troisième année d'office. C'est vil. Je pense à un où deux gars de ma classe qui rament à mort pour avoir la moyenne et je ne pense pas que les faire passer d'office soit une bonne solution. On m'a parlé de me sucrer ma troisième année parce que j'ai quelques soucis de convention de stage. Tout simplement. Alors que J'AI UN PUTAIN DE STAGE, je fais partie des bons élèves, que je ne rate un cours pour RIEN au monde, même les plus ennuyants, que je participe aux salons pour vendre leur merde d'établissement... enfin quoi... je trouve ça totalement injuste et mon ventre est tout retourné. Je sens mon estomac tressaillir entre deux bulles de café... et si ce n'était pas des paroles en l'air? J'ai déjà une possibilité de replis, une solution pour le pire des cas mais... 4500 + 4800 = 9300... et 9300 euros pour un diplôme qui me passerait sous le nez... doux jésus sainte marie mère de dieu, j'ose même pas imaginer la quantité d'adrénaline qui affluerait dans mes veines avant d'aller hurler ma rage devant le bureau de notre chère directrice.

La peur de l'échec coupe le sommeil, l'appétit comme le goût des choses simples. Ainsi pour ne penser à rien je lis sans m'arrêter "Les hommes qui n'aimaient pas les femmes" de Stieg Larsson. Ce livre drôlement mal écrit qui donne envie de boire du café et fumer une cigarette à chaque ligne. Je ne conseille ce livre à personne, et si je ne le jette pas aux oubliettes, c'est parce que mon côté maniaco-dépressif m'oblige toujours à terminer un livre que je commence. J'en suis page 250 et je m'ennuie terriblement. Je ne sais pas si l'intrigue est déjà passée, si je l'ai raté, où tout simplement s'il n'y en a pas. Les éléments perturbateurs manquent cruellement de violence et d'impact. Enfin... les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Je connais quelques personnes qui ont absolument adoré.

(quelques minutes plus tard)

Sinon en direct je viens de recevoir un nouvel appel de l'école qui me donne jusqu'à lundi sans autre délai possible pour avoir cette convention. Cette convention a été faxée hier et PERDUE dans leurs locos. Je ne peux plus rien pour eux. Je pense à un grand bain de sang dans lequel je me plongerais tout entier pour le boire jusqu'à la dernière goutte. Je me vois en train de lécher les parois spongieuses de cette vieille école comme un Jay Byrne en furie. Je sens comme lorsqu'on ouvre une huitre, les cieux du dessus s'affaisser sur les cieux d'en dessous dans ma poitrine et ma tête commence à tourner. Je me vois en rêve les tuer un par un et mordre leurs chairs pour ne laisser d'eux, qu'une connerie sous-entendue dans un cube transparent d'atmosphère. Sont ils conscients de me tuer petit à petit, jour après jour, et mot après mot? J'en sais foutrement rien mais mon côté masochiste à ses limites et elles ont été atteintes. Je me sens en colère... La surface de l'eau calme qui m'habite ondule sous les frétillements du drôle de monstre qui sommeil en moi depuis le 14 décembre 2008, quand j'avais hurlé à ce vieux sénile que si jamais je le revoyais dans ma maison, je n'hésiterais pas à le tuer. Je sens que les papilles de ce monstre commencent à s'affoler de nouveau.

Comprenez que je suis d'un naturel calme. Muet. Immobile. Je bénis le silence et ses bienfaits. J'ai un côté un peu pacifiste qui me fait défaut parfois, mais je suis convaincu qu'on ne gagne pas une guerre avec la violence. Je sais que j'ai tort. Mais les gens ne comprennent pas que si je suis comme ça, c'est pour leur bien.

Parce que les eaux calmes cachent de drôle de monstres. Le mien (pour en avoir fait l'expérience deux fois seulement dans ma vie) est un prédateur intouchable. Il sait toujours où appuyer pour faire mal. Il choque. Il dévore et ne pardonne jamais. Avec lui la vengeance est une partie de jambes en l'air entre deux strates de la croute terrestre. Son souffle est toxique. Sa salive corrosive. Lorsqu'il se réveille, il semble que même les objets aient arrêté de respirer sur son passage. L'atmosphère est chargée de négativité. Lorsqu'il se réveille, plus aucun principe n'existe. Je suis prêt à tout. Je suis la terreur et les cris de Francis Bacon, mêlés à la force et la volupté d'un Jackson Pollock en transe. Je ne me sens pas très bien.

Des fois, je voudrais que quelqu'un pose sa main sur mon épaule et me dise "Ne t'inquiète pas... je suis là pour surmonter tout ça avec toi. Je te soutiens." Mais il n'y a personne sur mon épaule voûtée par l'effort.

Je voudrais que quelqu'un m'emmène dans un endroit où je pourrais crier, hurler sans aucune retenue. Un endroit désert où je pourrais m'isoler pour rompre ma voix et déchirer le silence à grands coups d'hystérie vocale. Et puis après ça je voudrais m'allonger au centre de cet endroit et fumer une cigarette en profitant du nouveau silence après ces éclats, essuyant le résultat de cette libération d'un revers de manche sous mon nez.
J'ai pu le faire une fois, dans la maisonnée familiale où j'étais seul l'été dernier. J'ai fermé toutes les fenêtres pour ne pas affoler les voisins et j'ai demandé aux chiens de rester calmes sur le canapé. Et puis j'ai hurlé mes tripes pendant une demie heure jusqu'à vomir, tremblant de tout mon corps face au plancher. C'est un souvenir que je n'oublierai jamais... cette sensation de liberté, de légèreté. Le calme après la tempête. C'était beau.



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J'ai un besoin constant de violence. J'ai besoin de détruire quelque chose de beau. J'ai besoin de m'énerver. De montrer que je ne suis pas d'accord, que c'est injuste, que tout est injuste. J'ai besoin de recevoir des coups et d'en donner. J'ai besoin de crever les yeux des oiseaux qui se pavanent comme des rois devant ma fenêtre. Je voudrais leur arracher les plumes une par une et les voir repartir tous nus, comme moi. Parce que je suis nu face au désappointement. Je ne sais pas gérer mon stress, je ne sais pas m'occuper de moi. Je reste paralysé quand je devrais extérioriser ce qui me préoccupe. Je me sens comme la victime d'un viol qui aurait remit son slip à l'envers, l'anus débordant d'un sperme contaminé. Je ne me sens pas très bien.
Je voudrais fumer un pétard pour que mes idées s'embrouillent, je voudrais sombrer dans l'inconscience le temps de quelques minutes, le temps de remettre un peu d'ordre dans mes entrailles. Je me sens comme un poisson dans un sac opaque, comme un général de troupes américaines pendant la guerre du Vietnam, enculé par un grain de riz. Un cactus posé sous une grande cascade d'eau claire. Les racines mortes d'un vieil arbre laissées à l'abandon au milieu des bois. Une crotte de chien froide et sèche. Oui c'est ça. Je suis une grosse crotte de chien qui attend la semelle qui m'étalera sur le trottoir sous une pluie d'insanités buccales. Je suis les résidus d'un gros cracha, un mollard qui dégouline dans un caniveau aseptisé.

J'étouffe un peu quand je devrais respirer.

Et puis j'en ai marre de me réveiller la nuit pour corriger ma mémoire. Je ne veux plus avoir à ouvrir Les fleurs du Mal pour retrouver le vers que j'oublie quand dans ma tête, je récite les pages de poésie. Hier. Tout à l'heure à 3h30 du matin, je cherchais quel terme Baudelaire avait employé au 13ème vers du "Poison" qui me vient à l'esprit quand je ne sais pas quoi faire. Dans ma récitation, j'oublie toujours ce terme "tremble" et ça m'énerve.



Le Poison

Le vin sait revêtir le plus sordide bouge
D'un luxe miraculeux,
Et fait surgir plus d'un portique fabuleux
Dans l'or de sa vapeur rouge,
Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux.

L'opium agrandit ce qui n'a pas de borne,
Allonge l'illimité,
Approfondit le temps, creuse la volupté,
Et de plaisirs noirs et mornes
Remplit l'âme au delà de sa capacité.

Tout cela ne vaut pas le poison qui découle
De tes yeux, de tes yeux verts,
Lacs où mon âme tremble et se voit à l'envers...
Mes songes viennent en foule
Pour se désaltérer à ces gouffres amers.

Tout cela ne vaut pas le terrible prodige
De ta salive qui mord,
Qui plonge dans l'oubli mon âme sans remord,
Et, charriant le vertige,
La roule défaillante aux rives de la mort.



La suite au prochain épisode.

Par klektik le Dimanche 20 juin 2010 à 10:30
j'avoue, je n'ai pas tout lu
mais je laisse un com, rien qu'en souvenir de l'effet significatif qu'a laissé ce masque sur ma vie...
Par Mitsukisuki le Samedi 13 novembre 2010 à 12:09
C'est un délice que de lire encore ce poëme dans ton blog. J'aime bien ton histoire sur les récitations de poëme quand on n'arrive pas à trouver le sommeil ou quand on se réveille en plein milieu de la nuit sans savoir à quoi penser. C'est exactement ça.
Par maud96 le Mardi 29 novembre 2011 à 9:54
Expirer toute l'agressivité cumulée en gueulant le plus fort et longtemps possible, effet cathartique assuré ? Je note, et j'essaierai, mais en pleine forêt... Tant pis pour les petits oiseaux et les écureuils ! Merci de la recette !
Par Bertrand Joly le Mercredi 15 juin 2016 à 1:57
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