sousentendu

Si j'ai toujours raison tu sais, j'ai pas toute ma raison.

Dimanche 18 avril 2010 à 22:15

« Je ne sais comment en sortir : j'en sortirai pourtant. Je regrette cet atroce Charlestown, l'Univers, la Bibliothè, etc... Je travaille pourtant assez régulièrement, je fais de petites histoires en prose... »

Rimbaud à Ernest Delahaye, Roches, Mai 1873.

 

Charlestown, ma mie, mon âme, ma foi, ma flamme. Charlestown tu me manques.

Je lisais tout à l'heure quelques vers pris au hasard de MORCEAUX CHOISIS de Victor Hugo, ce livre un peu sale où quelques cahiers ont été oubliés du couteau. Ce livre un peu sale que j'avais volé dans la bibliothèque du lycée, un jour où la surveillante me tournait le dos pour quelques mots fléchés qu'elle était incapable de terminer. Ce livre aux pages jaunies et froissées, couverture arrachée, oublié sur l'étagère nommée « Poésie » que personne n'était tenté de visiter. Une étagère où j'allais me perdre en secret pour caresser les tranches tristes et un peu moisies de quelques livres tirant sur leur fin, que personne n'ouvrait plus depuis des années. Pourquoi celui-ci et pas un autre... aucune idée. Je le trouvais beau, flottant dans ses dentelles de papier arraché, et le jaune de ses pages me rappelait un peu la couleur d'un rond de café qu'imprégnait une table de bar-tabac près du square de la gare.

C'était une époque où je ne savais pas trop sur quel trottoir marcher. J'étais partagé entre les boutons de rose d'une poitrine féminine enfantine, et la violence de quelques garçons secrets pour lesquels j'écrivais des alexandrins vaseux qu'ils ne lisaient jamais. J'oscillais entre robes et pantalons, léchais la vitrine du Chapelier de la place Ducale sous les arcades, rêvais d'un haut de forme un peu trop cher pour ma petite bourse, les casquettes de marin se paraient du bleu magnifique de l'océan, et toujours, je trainais mes souliers sur les chemins boueux du Mont Olympe, les après midi de pluies. Entre mes dents, je serrais comme un mords cette vieille cigarette mentholée qui me tournait la tête à chaque bouffée empoisonnée, et enfonçais mes mains dans mes poches en jurant sur Brian Molko, parce qu'il était très beau, très con, et très libre.

En automne, je parcourais le Cours Briand et remplissais mes poches de marrons piquants pour aller les jeter dans ce bras de Meuse vaseux sous la passerelle qui tendait à s'écrouler tout doucement. C'était beau Charlestown en automne, quand il pleuvait nuit et jour sur les trottoirs souillés de crottes, de mégots et de papiers. Moi j'allais de l'avant. Je rêvais de lointains, d'horizons noirs et carmins qui offraient leur gorge à mes baisers. Je pensais à cette Momo un peu vieillissante qui m'avait oublié dans mon petit Charlestown pour aller s'occuper de ses petits enfants gâtés pourris sous le soleil de Guadeloupe. Je me sentais trahis. C'était moi ton petit fils, ta petite fille, ton petit enfant. Ma grande Momo, je t'en ai tellement voulu quand tu es partie vivre sous les cocos. Du jour au lendemain, c'en était finit de ces grandes aventures que j'inventais dans ton jardin, sous le cerisier, près du compost. Je n'étais plus ce funambule fantastique qui courais sur les bordures de ton potager sans tomber. Ton poste de musique ne chantait plus que du silence. C'en était finit de Bach, Beethoven et Liszt, même ton frigo n'empestait plus de ces fromages que tu oubliais entre deux bouteilles de lait rance. Le poisson rose que tu me faisais manger n'avait plus le même goût, et les gâteaux au yaourt que tu préparais n'étaient plus qu'un vague souvenir enfouit dans mes narines et mes papilles.

Charlestown est un trou. Une abomination présidée par une mairesse imbue d'elle même, un peu bonbon rose, un peu UMP. C'est une ville où il ne fait pas bon se garer sans payer. C'est une ville sale et un peu trop fière d'elle où les vraies valeurs ont été un peu oubliées sous l'argent et le commerce. Rimbaud lui même est devenu objet de foire. On en fait des cartes postales, des posters et des chansons. C'est affligeant.

Tout à l'heure, je lisais quelques vers de Victor Hugo. Ca me rappelait les longues heures de lecture à voix haute pour m'entrainer. Parce que je n'étais pas bon à l'école. Lire et écrire était pour moi d'une difficulté amère pendant le primaire. On se moquait quand je butais, on riait de mes erreurs, de mon orthographe un peu bancale. Alors pour leur prouver que je n'étais pas cette pauvre petite chose qu'on regardait avec dédain, je m'enfermais dans le grenier et au milieu de la poussière et des araignées, je lisais les livres de poésie de mon grand père. Un peu de Baudelaire, de Spleen et d'idéal, de Rimbaud dans Une saison en enfer, de Verlaine et d'automnes nouveaux. Je me perdais dans ces vers qu'à l'époque je ne comprenais qu'à moitié, et au fil du temps je savais lire tout à fait. J'ai finis par enseigner aux vieilles poupées de ma mère, oubliées sous la poussière du grenier, que la poésie d'hommes véritablement heureux est infâme au goûter. Que les vrais poètes croquent dans la mélancolie comme dans une pomme fraîche et encore verte. Que la vie est une tragédie, une pièce de théâtre dans laquelle nous sommes l'acteur principal, mais contrairement aux pièces à succès, aucun public n'applaudit lorsque c'est terminé.

Entre deux pages collées de ces MORCEAUX CHOISIS, j'ai trouvé une carte postale décolorée qui montrait le cours Briand en 1948, la même année où se livre a été édité. Pris de curiosité par ce fabuleux trésor, imaginant quelles mains l'avaient caché dans ce témoignage jaune et débauché, je me pris à rêver des mains un peu artistes d'un lycéen engagé et amoureux de l'art. Faisant de la poésie sa bible, son grand espoir. Un peu blond, un peu sauvage et l'oeil aussi bleu qu'un petit lac de montagne, je le voyais en 1948 parcourir les rue d'un Charlestown libéré. Je m'en vais retranscrire cette double page 208 et 209 qui sentent le vieux, qui sentent bon:

 

69.

Puisque le juste est dans l'abîme,
Puisqu'on donne le sceptre au crime,
Puisque tous les droits sont trahis,
Puisque les plus fiers restent mornes,
Puisqu'on affiche au coin des bornes
Le déshonneur de mon pays ;

O République de nos pères,
Grand Panthéon plein de lumières,
Dôme d'or dans le libre azur,
Temple des ombres immortelles,
Puisqu'on vient avec des échelles
Coller l'empire sur ton mur ;

Puisque toute âme est affaiblie,
Puisqu'on rampe, puisqu'on oublie
Le vrai, le pur, le grand, le beau,
Les yeux indignés de l'histoire,
L'honneur, la loi, le droit, la gloire,
Et ceux qui sont dans le tombeau ;

Je t'aime, exil! Douleur, je t'aime!
Tristesse, sois mon diadème!
Je t'aime, altière pauvreté!
J'aime ma porte aux vents battue.
J'aime le deuil, grave statue
Qui vient s'asseoir à mon côté.

J'aime le malheur qui m'éprouve,
Et cette ombre où je vous retrouve,
O vous à qui mon coeur sourit,
Dignité, foi, vertu voilée,
Toi, liberté, fière exilée,
Et toi, dévouement, grand proscrit!

J'aime cette île solitaire,
Jersey, que la libre Angleterre
Couvre de son vieux pavillon,
L'eau noire, par moments accrue,
Le navire, errante charrue,
Le flot, mystérieux sillon.

J'aime ta mouette, ô mer profonde,
Qui secoue en perles ton onde
Sur son aile aux fauves couleurs.

...

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Dimanche 18 avril 2010 à 1:31

Je bossais tout à l'heure sur un portrait à l'encre de Marla Singer, en écoutant le dernier album de Françoise Hardy que j'avais vu il y a deux semaines, dans « on est pas couché ». C'est vrai qu'en y repensant, c'est la dernière fois que j'ai passé plus de 10 minutes devant la télévision. J'avoue, cette émission n'a rien de particulier et c'est parfois limite, mais j'aime bien la façon dont ils traitent les sujets, parce que c'est clair, parfois rigolo, certains membres de l'équipe sont intéressants (pas tous, elle a son lot d'imbéciles heureux). Enfin bref, je faisais mes mélanges dans mon cendrier vide quand je me suis demandé ce que les gens aimaient à cet instant, comme leader, en France. Maintenant, on a la nouvelle star qui découvre les idoles de demain, ces « artistes » méconnus du grand public qui par la force seule de l'audimat arrive sur le podium du « nouveau talent ». Talent de la connerie contemporaine. On a facebook, panier à hypocrisie et nombrilisme où on peut choisir de se montrer en spectacle, c'est mieux qu'au zoo (j'en fais malheureusement partie... ). Tout ça...

Maintenant pour jolie femme, leadership de la gente féminine en pleine expansion dans les collèges, les lycées et les universités, on a quelques bonnes blagues. En faisant un tour des incroyables skyblogs de jeunes gens pour me tenir à la page (quand on sort pas et qu'on a pas la télé on a pas le choix, faut se le taper, mais jm'en fous, j'aime ça), j'ai vu Diams, Kenza Farah, Koxie (achevez là), Sheryfa Luna, et j'en passe des meilleurs...

Pour les hommes, on a Julien Doré, Vendetta, Christophe Maé...

Doux Jésus mais si on est pas condamnés je sais pas ce qu'on est. A mon avis, on ne peut plus faire marche arrière, même avec un miracle... mais je suis quand même curieux de savoir comment ça va terminer. Je parle du charme (parce que c'est très important), du niveau de culture, des buts, du talent... enfin je sais pas... je suis peut être vieux jeu (élevé au Gainsbourg et Bach ça ne m'étonnerait qu'à moitié), mais il y a des limites quoi. On s'étonne du comportement de la jeunesse, mais quand on voit les icônes c'est pas difficile à comprendre.

Où sont passés les dessins animés niais pour enfants à 7h du matin, où le gentil s'accommodait avec le méchant au lieu de le terrasser? Les personnes intéressantes et magnifiques de notre toute petite France perdurent, mais sont oubliés des parents des générations futures.

Maintenant pour être beau il faut faire des abdos tous les jours, passer un weekend au solarium, sortir en boîte, se cacher derrière un maquillage clownesque, s'acheter le dernier tee shirt à strass à la mode... Et là j'ai compris pourquoi j'étais seul, en fait je m'emmerde profondément. Mes icônes vont bientôt disparaître (si c'est pas déjà fait), et je sais que personne ne sera là pour me redonner les émotions véhiculées par des dinosaures du charme.
Quand je parle de femmes, je parle de vraies femmes, celles qui malgré l'âge restent divines. Christin Scott Thomas, Françoise Hardy (owi!), Josiane Balasko... Quand je parle d'homme, je parle de Luchini (Fabrice, quand tu me tiens...), … Fabrice, serais-tu le dernier? -_- Là comme ça, personne d'autre ne me vient, je vais y penser. (Ayé j'ai trouvé huhu) Jean Reno,

Je ne sais pas comment conclure cet article, je suis trop désespéré. En plus je crois que Hardy va bientôt mourir... il y a des signes. Je crois que ce jour là va être drôlement dur. Elle, elle n'est pas jolie, elle n'est pas belle non plus... je crois que c'est un mélange qui va au delà de tout ce qui peut exister. Elle est fantastique, sa façon d'être, un peu désintéressée, un peu précieuse, un peu garçon et pourtant tellement féminine... tout ça me retourne le ventre. Je ne pense pas que ce soit du fanatisme, je crois plutôt que c'est un Idéal. M'enfin... voilà quoi * grooos raclement de gorge *

Je n'ai plus ni herbes, ni bière, ni argent, ni amis, presque plus de papier pour dessiner... je pense à recycler les pages du 20 minutes en book et à manger mes doigts.

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L'avenir... c'est une drôle de chose. Il parait qu'on la voit dans les feuilles de thé... j'en sais trop rien. Personnellement j'évite d'y penser. Mon avenir professionnel est fixé, ce qui m'assure un stricte minimum d'argent pour vivre (c'est pour ça que ça s'appelle l'avenir bien-sûr), et pour le reste... je m'autocensure pour ne pas tomber en dépression parce que je sais ce qu'il va se passer, et je le sais trop bien. Rien ne changera.


Samedi 17 avril 2010 à 19:34

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... et qui voulait qu'on l'caresse-resse-resse...

Samedi 17 avril 2010 à 0:26

Moi aussi je voudrais qu'une boule de feu géante s'écrase sur mon appartement, qu'un volcan entre en irruption dans la cave de mon immeuble, qu'un tsunami déferle sur la ville et emporte toute vie, surtout la mienne.

Je suis un mètre soixante trois de rails sans leur train, laissés à la rouille entre deux brins d'herbe. Un ballot de cheveux coincé dans l'évacuation de la douche. Et puis on m'a attribué des paroles déjà existantes qui disent que je suis « un peu à l'amour ce que la paix est au Liban », si ce n'est ni vrai ni faux, ça m'a fait un peu rire.

Sinon dans ma boucle de quotidien, ça va. Je navigue entre mon tabouret et mon robinet, entre ma douche et mes toilettes, et puis des fois je fais une escale près du frigo près duquel j'entends mister Jingle qui farfouille je ne sais quoi je ne sais où. Ce petit marquis me réveille la nuit en gratouillant mes sacs et quand j'allume la lumière, il repart d'où il est venu et pfouuute! Envolé! J'espère juste qu'il ne va pas crever sous mon meuble parce que pour évacuer la puanteur de son petit corps, ce serait injustement compliqué. Et puis pas que la solitude me manque... mais la compagnie des souris et des cafards c'est pas des plus joyeux, même si parfois on s'amuse bien à se courser à 4h du matin.

Je tenais aussi à dire à quel point J'AIME LE THE, et REGARDER LES FEUILLES VOLER DANS LE VENT (non ça c'est pas vrai :p )

Le petit sous-entendu attend sa maman à l'accueil!

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Jeudi 15 avril 2010 à 19:59

«Danone gagne du temps», affirme un analyste financier spécialiste du groupe laitier. En marge de la publication de ses ventes du premier semestre 2010, Danone a annoncé que d'ici la prochaine réunion avec l'Autorité européene de sécurité des aliments, EFSA, en juin, il «va continuer à adapter son niveau de communication, ce qu'il a déjà fait depuis le début de l'année en «France et au Royaume-Uni», où le groupe n'invoque plus ces allégations de santé.

Concrètement, les campagnes de promotion sur Activia et Actimel continueront de ne plus mettre en avant, en Europe, les bénéfices pour la santé qu'est censée entraîner la consommation de ces produits.

Quelle excellente nouvelle. Les gens vont enfin comprendre (ou pas) que Danone n'a jamais voulu faire de bien à leur organisme, et que lorsque leur pauvre enfant boit un Actimel (en se forçant parce que vu le goût faut être maso pour en redemander), aucune lumière ne fleurira dans leur estomac. Je pense en particulier à une branche un peu alienée de ma famille (qu'on se le dise, on a tous une branche pourrie dans notre arbre généalogique). Celle qui ne consomme que des produits de grandes marques et qui s'étonnent de la note du médecin à la fin de l'année. Ceux qui me rient au nez quand je leur dis (preuves à l'appui) que la publicité est mensongère, qu'il sont assez cons pour se faire manipuler par les graphistes et concepteurs rédacteurs (mes collègues, soit dit en passant), simplement pour augmenter le chiffre d'affaire.
Malgré mes mises en garde, ils achètent Actimel pour avoir des forces (et des intestins abîmés), du beurre allégé en matières grasses (si si, ça existe) pour réguler leur cholestérol (qui ne vient pas du beurre mais du sucre et des barbecues à répétition, hein), du lait 3ème âge pour leurs enfants de 10 ans qui aiment encore le boire au biberon et j'en passe des meilleures.

Je doute que la population voit le changement dans les campagnes, parce que pour eux, Actimel est déjà assimilé comme un médicament contre les baisses de régime (haha que c'est drôle) dans la matinée, et je pense que ça ne changera jamais. Ils ont bien mesuré leur coup.

Sur ce, je vais aller faire un tour au Quick, c'est bien meilleur.

"... Notre solution c'est  l'alicament. L'alicament, c'est un aliment qui serait aussi un médicament. et là, Starlight innove et se focus sur une nouvelle vision du fromage blanc. Le bodymainding. Avec Starlight je mange intelligent, donc je suis intelligent, donc Starlight me rend intelligent, et c'est là qu'on les attrape hein. C'est un petit peu la... la tête et les jambes en quelques sortes."

"Toujours commencer par détendre l'atmosphère avec une vanne à la con. La drogue vous aide à acquérir cette nonchalance, ce détachement nécéssaire pour survivre à ce type de réunion. On a tous le désir de changer le monde et j'ai bien conscience que participer à ces réunions, c'est collaborer. Qu'être assis à cette table, c'est s'associer au décervela général. Pour réussir... il fallait se sacrifier. Mais je doutais d'en être un jour capable." 99F


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C'est parce qu'elle mange Activia qu'elle fait bien caca.

 

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